Pour la seconde année consécutive, l’Assurance Maladie - Risques Professionnels, l’INRS et Expoprotection ont organisé l’atelier des préventeurs qui s’est tenu le mercredi 6 juin à Paris. Une journée d’échanges et de réflexion autour de la question des troubles musculo-squelettiques.

La prévention des troubles musculo-squelettiques

Pour sa seconde édition, l'événement dédié aux professionnels de la prévention et santé au travail avait pour thématique principale les troubles musculo-squelettiques (TMS), « Prévention des TMS : comment construire un projet d’entreprise ? ». Cette journée s’est organisée autour de deux témoignages d’entreprises particulièrement engagées dans la prévention des TMS, FM Logistic et Carrefour et des ateliers pratiques afin d’alimenter la réflexion sur cette thématique au coeur des préoccupations des professionnels.

Première maladie professionnelle reconnue en France depuis plus de 20 ans, l'Assurance Maladie - Risques professionnels et l'INRS ont fait de la prévention des TMS une de leurs priorités nationales.
Hervé Laubertie, responsable du département prévention des risques professionnels à la Caisse nationale de l’Assurance Maladie (Cnam) a rappelé quelques chiffres qui justifient cette mobilisation : « 87 % des maladies professionnelles avec arrêt sont des TMS, ce qui représente par an dix millions de journées perdues, soit 45 000 ETP et un milliard de cotisations versées par les entreprises».

Si les chiffres sont impressionnants, la tendance peut être inversée. Une légère baisse (-4,1 %) a d’ailleurs été enregistrée entre 2015 et 2016. Cette amélioration est due en partie à une meilleure sensibilisation des entreprises, notamment au travers du programme TMS Pro de l'Assurance Maladie - Risques Professionnels qui s'articule en 4 étapes clés et en deux phases. La première phase de ce programme a accompagné 8 000 entreprises entre 2014 et 2017, représentant à elles seules un tiers des TMS. 7 000 d’entre elles se sont portées volontaires pour engager une démarche de prévention et près de la moitié ont abouti à un plan d’actions. La seconde phase du programme TMS Pro (2018-2022) visera également 8 000 entreprises, parmi lesquelles « au moins 500 établissements d'hébergement pour personnes âgées (EHPAD) seront concernés ».

Un rendez-vous dédié au partage d’expériences

En préambule de cette journée d’échanges et de réflexion, deux entreprises particulièrement engagées dans la prévention des TMS, FM Logistic et Carrefour ont apporté leur retour d’expérience.

  • Un taux de fréquence des accidents de travail réduit chez FM Logistic

Présent dans 13 pays, le groupe FM Logistic compte aujourd'hui 23 300 collaborateurs (contre 18 730 en 2014). Alors que ses effectifs ont fortement augmenté, l'entreprise a presque divisé par deux son accidentologie en France. Le taux de fréquence des accidents du travail (AT) est passé de 71 en 2013 à 44 pour 2017, tandis que le nombre des AT est passé de 349 à 242 sur la même période. Cette amélioration est le fruit des actions menées et de l’investissement de l’entreprise de positionner la santé au plus haut niveau de ses priorités. « La santé est un axe stratégique de l'entreprise », a fait valoir Lydie Raveleau-Richet, directeur Qualité hygiène sécurité environnement (QHSE).

FM Logistic a entrepris plusieurs initiatives comme la création d’une mallette ludique portant sur la connaissance des risques et la création d’un partenariat avec la Carsat autour de 7 situations dangereuses relatives à la manutention manuelle. L’entreprise travaille également avec l’Université technologique de Compiègne pour développer ses propres exosquelettes (appareil motorisé fixé sur un ou plusieurs membres du corps humain pour lui redonner sa mobilité ou en augmenter les capacités).

  • Près de 800 personnes formées à la prévention chez Carrefour

Limiter la pénibilité du port de charge est aussi l'une des priorités de Carrefour, qui compte 115 000 collaborateurs en France et dont 98 % des arrêts de travail et maladies professionnelles étaient dus aux TMS.

En charge de mettre en place une culture de la prévention chez Carrefour France, longtemps absente du groupe, Christophe Labatut, s’est penché sur les TMS. Parmi les actions mises en place, on peut noter l’élaboration de chaussures adaptées aux salariés des entrepôts du groupe et la conception de table de chargement de linéaires à fond constant, réduisant le port de charge et la pénibilité. « La fonction de directeur des achats est totalement synergique avec la prévention. A ce poste, je peux intégrer la question de l’ergonomie dans le matériel à acquérir», a ainsi expliqué Christophe Labatut.

Toujours dans cette perspective, Carrefour France a signé avec la Cramif (Caisse régionale d'assurance maladie d'Île-de-France) une convention visant à créer un module de formation spécifique, de sorte que le groupe soit autonome en termes de santé et sécurité au travail. En quatre ans, environ 800 personnes dont 300 préventeurs, ont ainsi été formées en interne. Et le mouvement continue à un rythme soutenu. « Depuis le début de l'année, une soixantaine de préventeurs ont été formés », indique Christophe Labatut.

Des ateliers pratiques pour co-construire les démarches de prévention

Les préventeurs ont ensuite été invités à participer à des ateliers pratiques animés par des consultants experts en TMS. L'idée étant de les amener à réfléchir sur trois problématiques différentes liées aux modalités de mise en œuvre de la démarche de prévention : comment poser le bon diagnostic ? Comment mobiliser les salariés et la hiérarchie ? Comment engager l’entreprise dans un vrai projet de maîtrise des risques ?

Il a été retenu l’importance de construire une démarche participative impliquant tous les acteurs de l'entreprise, de se faire accompagner dans les démarches et la nécessité de définir une politique de prévention claire et réaliste. L'entreprise doit pouvoir adopter un plan d'actions sur le long terme de sorte à passer d'une démarche de prévention à une réelle culture du risque.

Les exosquelettes expliqué par l’INRS

Pour terminer Jean-Jacques Atain-Kouadio, expert d’assistance et ergonome à l’INRS a présenté son guide intitulé « 10 idées reçues sur les exosquelettes ». Illustrée par des dessins humoristiques, cette brochure fait le point sur l'état actuel des connaissances et sur les idées reçues liées à ces dispositifs. L'INRS met également à la disposition des entreprises souhaitant en faire l'acquisition une brochure sur les six principaux points de vigilance.

02/07/2018