David Clair, directeur général de la Cramif met en exergue les coûts humains et financiers que représente l’exposition à l’amiante. Il souligne l’importance de la prise en compte de la prévention par l'ensemble des acteurs : entreprises et donneurs d’ordre et rappelle le rôle joué par la branche AT/MP de la Sécurité sociale et par la Cramif.

Xavier Faure, animateur

Pour ouvrir ce Colloque amiante nous allons tout de suite donner la parole à David Clair, directeur général de la Cramif.

C'est à vous la parole David Clair.

David Clair, directeur général de la Cramif

Merci beaucoup, bonjour à toutes et tous, je vous souhaite la bienvenue au colloque de ce jour consacré au repérage de l'amiante et aux solutions pratiques d'intervention.

Je souhaiterais, en introduction, insister sur trois points qui seront abordés lors des différentes tables rondes de la journée.

Le 1er point concerne le coût de l'exposition à l'amiante, en disant d'abord que le coût est d'abord un coût humain pour les personnes concernées ainsi que leurs familles.

Les maladies liées à l'amiante : plaques pleurales, aspectoses, cancers bronchopulmonaires, mésothéliomes, ainsi que les décès restent encore aujourd'hui en nombre élevé.

Je vais vous donner quelques chiffres : le nombre de maladies professionnelles amiante reconnues s'est élevé à 2 502 en 2020 au niveau national, 371 en Île-de-France. Quant au nombre des décès maladies professionnelles amiante il s'est élevé en 2020 à 215 au niveau national, 37 en Île-de-France.

J'ajoute que le délai de latence est très long pour beaucoup de maladies liées à l'amiante, ce qui peut constituer une difficulté à en faire reconnaître le caractère professionnel le cas échéant, parfois 40 ans après le début de l'exposition.

J'ajoute que l'anxiété liée à l'exposition peut aussi générer un préjudice reconnu.

Au-delà des coûts humains, les coûts liés à l'amiante sont aussi financiers. Le coût pour la branche AT/MP s'est élevé à 1,6 milliard d'euros en 2020.

Les interventions sur les matériaux contenant de l'amiante ou lors de leur retrait, ainsi que la gestion des déchets amiantés, présentent également des montants élevés.

Enfin, en France on estime à 1,2 million le nombre de salariés qui interviennent ponctuellement sur des matériaux contenant de l'amiante et 35 000 le nombre de salariés affectés au désamiantage.

Le deuxième point que je souhaite aborder dans cette introduction concerne la nécessaire prise en compte de la prévention par l'ensemble des acteurs.

L'analyse des risques d'inhalation de fibres d'amiante ne relève pas seulement des entreprises, mais elle est partagée par les donneurs d'ordre qui sont le premier maillon de la prévention. C'est un point que nous aborderons au cours de la Table Ronde numéro 2 qui sera consacrée au repérage.

Ceci est d'autant plus nécessaire que des moyens de protection parfois très techniques doivent être dimensionnés en fonction des niveaux d'empoussièrement prévisionnels. J'ajoute que la prévention intervient aussi dans un contexte réglementaire et normatif très fourni et évolutif, sur lequel l'ensemble des acteurs doit se tenir informé.

Dernière actualité, la Commission Européenne vient de proposer une révision de la directive amiante avec un abaissement de la valeur limite d'exposition professionnelle à la valeur française de 10 fibres par litre d'air sur 8 heures.

Quant à l'ANSES, elle a rappelé la semaine dernière la nécessité, selon elle, de compléter les tableaux de maladies professionnelles pour ajouter les cancers du larynx et des ovaires à la liste des maladies professionnelles.

Le troisième point enfin que je souhaite aborder dans cette introduction concerne le rôle de la branche AT/MP de la Sécurité sociale et de la Cramif.

En rappelant que la branche AT/MP est fortement mobilisée dans la prévention du risque amiante. Qu'à ce titre, elle accompagne des entreprises et les donneurs d'ordre. Elle propose aussi des outils d'incitation financière notamment la subvention prévention TPE (très petites entreprise) qui s'appelle Stop Amiante, qui est destinée aux entreprises qui interviennent de façon ponctuelle sur des matériaux ou produits contenant de l'amiante lors des opérations dites de sous-section 4.

Au sein de la branche AT/MP, la Cramif a un double rôle.

La Cramif a d'abord un rôle de prévention, et, à ce titre-là, elle conduit en Île-de-France des actions coordonnées qui s'appuient sur des antennes départementales et un réseau de 11 référents amiante.

La Cramif agit également avec ses partenaires, en particulier le Groupe Interinstitutionnel Régional Amiante, le GIRA dont nous faisons partie avec la DRIEETS, l'ARS, l'OPBTP et la DRIEAT.

La Cramif intervient également auprès d'organisations professionnelles, comme la Fédération nationale des sociétés de l'assainissement, qui participera cet après-midi à la table ronde numéro 3, ainsi que la Fédération des entreprises de propreté qui sera représentée à la table ronde numéro 4.

Par ailleurs, la Cramif assure le suivi d'opérations emblématiques comme Montparnasse par exemple, après Jussieu et le CMNP d'Aulnay-sous-Bois.

La Cramif joue également un rôle de tête de réseau, prévention des risques d'inhalation de fibres d'amiante, et contribue à des recherches épidémiologiques comme l'étude ARDCo avec la participation ce matin du professeur Pairon à la table ronde numéro 1.

Enfin, j'ajoute que récemment la Cramif avec le soutien de la Cnam a investi dans un microscope électronique à transmission analytique, le META, qui sera opérationnel en fin d'année et investit également dans le recrutement d'une analyste afin de renforcer les moyens des services de prévention des caisses.

Deuxième rôle de la Cramif, c'est un rôle dans le domaine de la reconnaissance et de la réparation.

À ce titre-là, la Caisse régionale est chargée de gérer les dossiers de demande d'allocation amiante et de formuler un avis pour le CRRMP.

Reconnaissance et réparation seront plus particulièrement abordées lors de la première table ronde, au cours de laquelle nous avons souhaité donner la parole au représentant d'une association de défense des victimes de l'amiante, l'ANDEVA, qui nous expliquera son rôle dans l'aide aux victimes mais également du service allocation amiante de la Cramif, du service prévention de la Cramif pour son rôle dans l'examen des demandes de reconnaissance.

Nous donnerons également la parole à la direction régionale du service médical qui intervient notamment au CRRMP, ainsi qu'au professeur Jean-Claude Pairon, que j'ai cité tout à l'heure dont l'expertise nous conduit souvent à travailler avec lui.

Je termine cette introduction en vous remerciant vivement de votre attention, en vous souhaitant de trouver toutes les informations utiles à votre activité dans les différentes tables rondes.

Je remercie également les différents intervenants des tables rondes pour le temps qu'ils ont accepté de consacrer à ce colloque.

Je vous souhaite à toutes et tous une excellente journée.

Xavier Faure, animateur

Merci, on peut applaudir David Clair !